Caractérisation morphométrique chez le dromadaire

Abstract

Le dromadaire (Camelus dromedarius), espèce clé des systèmes pastoraux du Sahara, possède des qualités d’adaptation uniques face aux contraintes climatiques extrêmes. Malgré son importance, la caractérisation morphométrique deses racesreste peuétudiée.Ce travail viseàcomparer deux racescamelines algériennes : la race Sahraoui (156 individus) et la race Targui (67 individus), pour un total de 223 dromadaires répartis dans cinq régions sahariennes : Ghardaïa, El Menia, Metlili, Hassi Lefhal et Dhayet El Khir. L’étude repose sur dix mesures morphométriques (longueur du corps, hauteur au garrot, hauteur à la bosse, périmètre thoracique, longueur de tête, longueur du cou, longueur de queue, circonférence du cou, distance interoculaire et entre les oreilles) ainsi que trois caractères qualitatifs (type de poil, couleur de robe, développement de la bosse). Les résultats montrent que les dromadaires Targui possèdent une morphologie significativement plus développée que les Sahraoui dans toutes les dimensions. La hauteur au garrot atteint 185,4cmchezlesTarguicontre174,8cmchezlesSahraoui;lahauteuràlabosse217,5cmcontre201,8cm; la longueur du corps 159,7 cm contre 152,5 cm ; et le périmètre thoracique 205,6 cm contre 196,3 cm. Le score corporel moyen est également plus élevé chez les Targui (3,9 contre 2,6). Ces différences sont statistiquement très significatives (p < 0,0001), confirmées par l’analyse de variance (ANOVA), avec des coefficients de détermination R² allant jusqu’à 50 % pour la hauteur de la bosse. L’analyse des corrélations morphométriques révèle une structure plus cohérente et harmonieuse chez les Targui, avec des corrélations fortes entre les variables centrales (r = 0,763 entre LC et HG), alors que les Sahraoui présentent des corrélations plus faibles et dispersées, traduisant une hétérogénéité morphologique. L’analyse discriminante canonique a permis de distinguer les deux races avec une distance de Mahalanobis D² = 15,23 (F = 68,48 ; p < 0,0001),toutes les variables contribuant positivement à l’axecanonique principal .Les caractères qualitatifs confirment ces différences : 98 % des Targui présentent une robe claire (blanc ou crème) contre 95 % de robes foncées (brun rougeâtre ou brun) chez les Sahraoui ; 85 % des Targui ont un poil court, alors que les Sahraoui sont majoritairement à poil long ; enfin, 82 % des Targui ont une bosse bien développée, contre moins de 20 % chez les Sahraoui. Ces résultats confirment le potentiel morphologique supérieur de la race Targui, mieux adaptée au milieu hyperaride, et l’intérêt de la morphométrie comme outil de différenciation raciale pour les programmes des élection et de conservation du patrimoine camelin algérien.